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Maman, j’ai raté l’avion…

Pour être honnête je ne sais pas si ces pensées valent un billet de blog. J’ai sciemment loupé l’avion, en janvier. J’ai loupé un voyage. Le jour du vol, je ne suis pas allée à l’aéroport. Je – ne – suis – pas – partie – saperlipopette. Pourquoi ? Parce que la fièvre a décidé que non, pas cette fois-ci. J’étais malade comme jamais et j’ai dû me faire violence, prévenir les copains, ne pas préparer de sac à dos, laisser mon passeport dans son tiroir. Ca fait très « first world problem » : diable, j’ai loupé mon avion, voyez-vous, une vilaine bactérie, affairée dans mes poumons, m’a empêchée d’aller faire ma petite semaine de montagne aux alentours de ma bonne vieille ville de Grenoble. Damn.

Mais ce qui m’intéresse, au fond, c’est que cette mésaventure se rapproche d’un choix de partir sur un coup de tête. Tu prends une décision sans avoir l’impression d’avoir toutes les cartes en main, tu sens une petite bête poilue appelé Destin murmurer des choses à ton oreille. Tu iras. Ou pas.

Perdue dans mes délires fiévreux, en pleine nuit, je regarde l’heure passer. Trois heures. Là, il faudrait faire le sac. Allez, je me chauffe ? J’y vais ? Non. Ca ne marche pas. Je ne peux pas tenir debout. Ca y est, je devrais prendre le bus, là. Quatre heures. Et voilà. C’est l’heure du décollage. Six heures. Tu crois qu’ils m’ont appelée ? Tu crois qu’ils ont écorché mon nom de famille ? Tu crois que la personne à côté de moi est trop contente de pouvoir allonger les jambes ? Un somme plus tard, je m’imagine arriver à l’aéroport, pester contre la navette, dormir contre la vitre.

Je pense alors à tous ceux que je manque. Les amis chers, les visiteurs d’un autre hémisphère, les collègues. C’est juste une semaine parmi d’autres, le quotidien s’en remettra, mes poumons aussi, mais voilà, j’aurais dû être là-bas. Repasser sous mes anciennes fenêtres, traîner au marché, grimper à la Bastille s’il ne fait pas trop moche. Raconter les vieilles histoires. Prendre l’air, le grand air.

Mais je tousse, je tremble, je suffoque. Je réalise à quel point cette impression de maîtrise, de planification, d’organisation, repose sur une grande loterie. Je philosophe sur ma grande découverte de la semaine : parfois le corps sort son joker. Mon tour du monde ne me l’avait pas vraiment appris, j’ai eu de la chance. J’ai toujours compté comme acquis que mon corps tiendrait la route. Tout le temps, sous toutes les latitudes. Jamais je n’ai imaginé ne pas pouvoir travailler parce qu’il m’était physiquement impossible de tenir sur mes jambes. Annuler un voyage pour cause de pneumonie n’était pas au programme, cette année. Pourtant, pas le choix, il faut capituler. Se dire que tout le monde comprendra. Se dire que si c’est pas aujourd’hui, ce décollage, ça sera dans pas très longtemps. J’ai accepté et apprécié l’imprévu quand il m’a emmenée à l’autre bout du monde sans crier gare, je dois aussi en convenir quand il m’enferme chez mon docteur.

Je commence donc le mois de février sans trop de souffle, mais avec un peu plus de modestie. Et vous, sinon, ça va ?

Sous son air de blog voyage, cet espace me permet d’expérimenter une forme d’écriture un peu différente de ce que j’ai l’habitude de faire. Ici, juste du ressenti, des émotions, des moments. Si vous voulez me faire un bisou, vous pouvez écrire à rita@ritasenva.fr.

6 Comments

  • Mais c’est quoi toutes ces pneumonies en ce moment !
    C’est difficile de prendre conscience de limites telles que celles du corps, tant que l’on ne l’a pas expérimenté. J’ai voulu, absolument voulu faire une balade en vélo lors de mon séjour en écosse. Nous venions d’arriver. Je ne me sentais pas bien mais je suis têtue. J’ai passé une semaine entière clouée au lit !
    AU moins maintenant la leçon est apprise.

    • Aaaaaah un voyage au Vietnam ça pique un peu plus qu’une semaine dans la banlieue de Grenoble ! Mine de rien je me sens moins seule de voir que pas mal de gens autour de moi on aussi galéré avec des pneumonies (pour moi c’était un peu une maladie d’avant guerre… Erreur)

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