OLYMPUS DIGITAL CAMERA
OLYMPUS DIGITAL CAMERA

Faire la vaisselle et décider de partir aux Etats-Unis

Il fallait bien que ça arrive. J’ai – c’est une première dans ma vie – acheté un billet d’avion quelques jours avant le départ. Edimbourg – Denver, aux Etats-Unis…

Derrière, il y avait une invitation, d’abord poliment refusée. On ne traverse pas l’océan comme ça, sur un coup de tête. Et puis je viens de m’installer à Edimbourg, il m’est impossible de, déjà, filer me promener de l’autre côté de l’Atlantique. Pour moins de dix jours, qui plus est. De toute manière, impossible de demander des congés quelques semaines à peine après avoir pris mon poste.

Et puis, un soir, le collègue qui s’occupe des plannings m’adresse la parole d’un air gêné. Il y a peu d’heures, dans les jours à venir, la fréquentation de l’auberge est calme. Est-ce que j’accepterais de ne pas trop travailler ? Tous mes collègues ont besoin de leurs heures, alors… Il essayera de partager… Mais… Je le coupe d’entrée de jeu : même si c’est sans solde, je prendrai autant de jours qu’il voudra bien me donner. Peut-être qu’intérieurement, ma décision est déjà prise… Merci, la sacro-sainte flexibilité britannique.

Pourtant, il me faut attendre. Les billets sont repérés mais j’attends, je réfléchis profondément. En faisant la vaisselle. Il m’apparaît bien vite que c’est le genre de cas pratique que l’on évoque quand on parle des opportunités, des petites choses folles de la vie. Alors… Il faut baisser les armes, abdiquer, et préparer son sac. Je ne m’occupe de rien, pas même de l’itinéraire. Je n’ai qu’à suivre la musique… Et commencer à m’infuser le fait que je pars aux Etats-Unis.

photo 1

Survoler les glaces

photo 2Je présente mes excuses les plus plates à mon bilan carbone. Je vole d’abord vers Londres comme on prendrait le métro. Et puis là, hop, marche arrière : mon vol pour Denver remonte vers l’Ecosse. Je souris. Laissant Edimbourg et Glasgow derrière, nous survolons les Highlands dans le soleil couchant. Et là, je m’affole. Prendre la décision d’aller aux Etats-Unis a été si soudaine, je n’ai pas eu le temps de penser à tout cela. C’est beau, en bas. La lumière du soleil couchant (qui me suivra tout du long) donne un air merveilleux aux reliefs écossais. Mais déjà, on les dépasse, et je me rends compte que nous n’allons pas traverser l’océan tout droit, mais survoler l’Islande et le Groenland. J’empêche toute effusion de joie prématurée : voyons, ce sera sans doute couvert et nuageux. Gardant un oeil sur la carte, je réalise que non, l’Islande est juste là, à portée de main. Je respire très doucement pour ne pas remplir mon hublot de buée. C’est simplement hallucinant, j’ai l’impression qu’on survole à peine les pics, qu’on va les sentir gratter sous l’avion. Encore quelques centaines de kilomètres et voilà le Groenland, où je perds définitivement la raison. J’ai sincèrement l’impression que je vais voir des ours blancs photo 5tellement la neige abolit l’effet de distance. Je lance des regards affolés à mes voisins pour que, juste un instant, ils décrochent de l’écran pour venir chercher les ours blancs avec moi.

Je dois confesser – pardon, amis canadiens – que la baie de Hudson m’a perdue. Et le survol des champs immenses, tant au Canada qu’aux Etats-Unis qui se succèdent à l’infini, m’a proprement effrayée. Mais qui mange tout ça ? Qui vient jusqu’ici pour labourer, asperger, moissonner, au milieu de rien ?

Et surtout : comment c’était, avant ?

Je comprends alors, en regardant la carte animée de mon écran, que je finis par franchir la frontière américaine. Denver approche. Le soleil est toujours là et se couchera bientôt derrière les montagnes que j’aperçois.

L’avion rebondit sur la piste et soudain je me revois, les mains dans l’eau tiède, m’interrogeant sur la possibilité de ce voyage. La réponse est à présent évidente : il fallait dire oui.

Sous son air de blog voyage, cet espace me permet d’expérimenter une forme d’écriture un peu différente de ce que j’ai l’habitude de faire. Ici, juste du ressenti, des émotions, des moments. Si vous voulez me faire un bisou, vous pouvez écrire à rita@ritasenva.fr.

4 Comments

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *